La bataille de Coutras

20 octobre 1587 : Coutras entre dans l’Histoire…

4000 morts en deux heures sur le parking du centre commercial.

Mardi 20 octobre 1587 : 4800 fantassins et 2600 cavaliers catholiques sous le commandement du duc Anne de Joyeuse font face aux troupes protestantes menées par Henri de Navarre. Elles sont en infériorité numérique, constituées de 4500 fantassins dont 500 arquebusiers. Les catholiques sont couverts d’ornements d’or et d’argent avec de magnifiques écharpes, arborant des bouquets de plumes sur leurs casques et des armes luisantes et dorées. Les protestants sont mal habillés, équipés d’armes ternies par la rouille.

Les troupes occupent la grande plaine située au sud-est du bourg, ce qui leur permet de se positionner en croissant sur plus d’un kilomètre. Aujourd’hui, le champ de bataille s’étirerait entre l’actuel centre commercial et le village d’Audebeau.

Comme Henri de Navarre connaît bien Coutras, il fait placer deux pièces d’artillerie sur une petite hauteur appelée « la Motte aux loups ». Occupée aujourd’hui par la caserne de pompiers, c’est un emplacement stratégique, en surélévation par rapport au champ de bataille.

Après être restées face à face pendant une heure, les armées se battent dans le fracas de l’artillerie. Cette bataille fait près de 4000 morts en deux heures, la plupart dans le camp catholique. C’est en marge de ce combat qu’est tué le duc de Joyeuse. Un officier protestant « lui cassa la tête d’un coup de pistolet ». Cet assassinat aurait été perpétré pour venger des massacres que le duc de Joyeuse a ordonné à la Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres) et à Croix-Chapeau (Charente-Maritime).

Henri de Navarre sort victorieux de la bataille de Coutras. Cet épisode correspond à la première étape qui le conduit à l’accession au trône de France en 1594 sous le nom d’Henri IV. Descendant direct de saint Louis, c’est le premier roi de la dynastie des Bourbons.

La bataille de Coutras se déroule pendant la 8e guerre de Religion qui débute en 1585. Le conflit tire son origine d’un profond différend religieux entre catholiques et protestants. Après la diffusion des idées protestantes grâce à l’imprimerie, un premier conflit armé apparaît en 1562.

Trois blocs s’affrontent : les ligueurs catholiques rassemblés autour d’Henri duc de Guise, les troupes levées par le roi Henri III pour faire un contrepouvoir face aux ligueurs et les protestants « ralliés » au panache du roi de Navarre Henri.

Le duc Anne de Joyeuse est chargé par le roi Henri III d’aller combattre les troupes d’Henri de Navarre « à la première rencontre ». Une rencontre qui a lieu à Coutras.

La ville de Coutras est encore très marquée par cet événement historique. Plusieurs noms de rues et de lieux-dits y font référence : la rue Henri IV, le boulevard Henri IV, le boulevard Henri de Navarre. la rue Sully ou la rue du buisson de Joyeuse. On pouvait voir au bout de cette rue un buisson qui, selon la légende, aurait poussé sur le lieu même où Anne de Joyeuse fut assassiné. On dit qu’il refleurissait chaque année pour honorer la mémoire de ce jeune chef d’armée de 27 ans.

Le lieu appelé « le champ de bataille » apparait pour la première fois sur un plan des lieux daté de 1766. Les ingénieurs géographes Cassini et Belleyme le mentionnent sans ambiguïté au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Des bâtiments y font également allusion comme l’hôtel Henri IV, le collège Henri de Navarre, la salle des fêtes le Sully et la résidence Henri de Navarre à l’entrée de laquelle une stèle rappelle les faits qui s’y sont déroulés.

Certains commerçants se sont réappropriés la bataille à leur manière. A la fin du XIXe siècle, la famille Chaudeurge rebaptise une partie de son vignoble coutrillon « Clos Henri IV ». La cave coopérative de Saint-Christophe-de-Double commerce une partie de ses vins en bouteilles sou l’étiquette « Roy Galant ». Le pâtissier Billeau fabrique des biscuits « les Croquandises du Roy » et les gâteaux « le Henri IV » dans les années 1980. A la même époque, le charcutier Merle prépare les « Conserves et salaisons du Puits Henri IV ».

Il s’agit de l’ancien puits Renaissance du château de Coutras. Edifié en 1551, le monument ne peut pas avoir de lien direct avec le souverain car il est né à Pau en 1553. C’est encore une allusion à la bataille qui s’est déroulée six ans après sont édification.

En 2005, la municipalité commande une œuvre à l’artiste bordelais d’origine allemande Walter Notz. Nommée Diaphaïnos, elle semble précisément faire allusion au panache blanc d’Henri IV. Placée devant le centre commercial, elle illustre la célèbre expression inventée par Agrippa d’Aubigné : « Ralliez-vous à mon panache blanc ».

Les aménagements contemporains ont permis d’exhumer des ossements et des boulets. En 1824, un paysan affirme qu’en labourant les terres, il retrouve des ossements, des fragments de casques, de cuirasse et d’armures.