La sortie du dimanche sur les bords de l’Isle. Une usine, un chantier naval, un pont, voilà de quoi trouver une clientèle pour un restaurant et un dancing. C’est sans doute ce qu’a pu croire Joseph Saurut en 1912 lorsqu’il décide d’ouvrir un restaurant sur la rive gauche de l’Isle. Situé près du pont de Laubardemont, passage obligé pour aller à Libourne depuis Coutras, et à proximité des chantiers maritimes du Fagnard et de l’huilerie Calvé-Delft l’établissement est bien visible. Le tenancier est d’ailleurs un employé de l’huilerie. Le site est rapidement doté d’une piste de danse cimentée aménagée à deux pas du restaurant. Elle est entourée d’un grillage végétalisé. L’accès se fait par deux entrées. Pour accéder à la piste, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée. Il faut bien payer l’orchestre. Les coutrions et les habitants des environs s’y donnent rendez-vous les dimanches de printemps et d’été. On y vient en famille, à pied, à vélo voire même en voiture. Les enfants s’assoient derrière le grillage et regardent les danseurs s’exécuter sur des tangos, des slows et autres valses musettes. Une tonnelle et des arbres centenaires apportent un cachet incontestable à l’ensemble. Sans oublier le puits artésien foré en 1920 près de la piste de danse. L’eau s’écoule en permanence dans un bassin où la famille Saurut a mis des poissons. Les jeunes gens qui fréquentent l’établissement s’y désaltèrent. Même les pêcheurs venus de Libourne ou de Bordeaux viennent y boire. La corne du remorqueur le Nosca couvre parfois la musique de l’orchestre Salomon. En guidant les péniches dans le canal, spectacle pour les enfants présents, le pilote salue la clientèle… Le dancing connaît une période faste entre 1936 et 1940. Puis la guerre, la fermeture des chantiers du Fagnard en 1950 et de l’usine Calvé Delft en 1957 ont raison de ce lieu de divertissement. Le restaurant ferme définitivement ses contrevents bleus à la fin des années 1950.
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